Nous revenons sur la lutte qu'elles mènent avec SUD pour le salaire, l'autonomie et la reconnaissance.

Les travailleuses de la nouvelle cheville ouvrière de l’école inclusive, les assistantes·ts à l’intégration, mènent un combat de longue haleine pour faire aboutir toutes les revendications du collectif de travail (salaire, formation, classification), notamment la stabilité de l’emploi et principalement le forfait de « 60 minutes ». Revenons sur la lutte qu’elles mènent avec SUD et exposons pourquoi cette lutte est déterminante, et féministe.

Les assistantes·ts à l’intégration (AI), c’est quoi ?

Au quotidien, les AI encadrent, accompagnent et soutiennent les élèves « à besoins spécifiques » afin qu’ils/elles puissent intégrer au mieux les classes et poursuivre une scolarité épanouissante. Elles participent également aux réseaux, à beaucoup d’activités scolaires et à la bonne communication entre les différentes personnes impliquées dans le dispositif pédagogique de l’école inclusive. Leur travail est donc essentiel au bon fonctionnement des classes et surtout au bien-être des élèves.

Main d’œuvre flexibilisé et précarisé à dessein, les AI ne sont pas suffisamment payées. Assignées à la classe 5 et employées à temps partiel, leurs salaires ne leur permettent tout simplement pas de vivre. Mais leur travail occupe toutes leurs journées, c’est ce que nous appelons le temps contraint.

Plus de 90% des AI n’arrivent pas à effectuer un horaire de 48 à 49%, étalé sur plusieurs jours et à différents moments de la journée, ce qui ne permet pas d’effectuer une deuxième activité à temps partiel. Par exemple, pour 30 périodes représentant un taux d’activité de 49,89% réparti en 9 demi-journées dans la semaine, la rémunération mensuelle nette n’excède pas les 2’177 CHF. Pour 20 périodes, elle n’est que de 1’745 CHF.

Des contrats d’auxiliaires

Nous relevons l’existence de contrats d’auxiliaires qui précarisent encore le statut en CDD. Comme d’habitude, la question des horaires dans ces contrats est problématique. Les contrats des assistantes·ts à l’intégration ont toujours été sous forme de CDI et de CDD conformément à l’article 19 LPers et aux engagements du Département de l’enseignement et de la formation professionnelle.

Nous sommes clairement face à une dynamique dangereuse de la précarisation du statut de ces travailleuses, qui ressemble, à s’y méprendre, à une ubérisation de la profession.

Rien ne justifie le déploiement de contrats d’auxiliaires. Non seulement nous ne sommes pas dans une situation d’activité irrégulière et encore moins momentanée.

Une nécessité immédiate : « forfait 60 minutes »

La revendication centrale du « forfait de 60 minutes » est la bataille qu’il nous faut remporter ; la manifestation du 9 octobre 2024 a servi à faire pression pour cet objectif.

En effet, une partie du travail effectué n’est pas reconnue par l’Etat employeur qui n’accorde qu’un forfait de 50 minutes pour chaque période d’enseignement, ce qui est largement insuffisant pour l’accomplissement des nombreuses tâches effectuées avant ou après les cours. Il y a eu certes quelques améliorations du forfait mais le compte n’y est pas. Compte tenu de l’urgence de la situation, dans la continuité de cette exigence d’amélioration immédiate des conditions matérielles et de reconnaissance du travail effectué, les AI demandent un forfait de 60 minutes ! Maintenant.

(Photo: Mercredi 9 octobre 2024, devant les locaux du DEF. François Graf / STRATES)