En Suisse, la discrimination salariale contre les femmes travailleuses se maintient, voire se renforce. Qui dit discrimination dit inégalité. Dans la fonction publique vaudoise, et par extension dans les secteurs subventionnés, l’opinion commune voudrait que l’égalité soit garantie entre salariées et salariés. Un même système permettrait que dans le cadre d’un métier donné, avec une même ancienneté et d’identiques conditions générales, les travailleuses et les travailleurs soient traité·e·s sur le même pied et l’égalité donc garantie.
En fait, il n’en est rien. Et il y a bien discrimination entre femmes et hommes. Le système de classification, DECFO-SYSREM, fonctionne de manière perverse ou plutôt est appliqué de manière inacceptable. En effet, dans le cadre même du système, se dresse une évidente inégalité. Les professions féminisées par leur composition de genre, par leur genèse et par leurs parcours historiques, sont maltraitées par rapport aux professions au socle masculin.
Dans le cadre du système actuel DECFO-SYSREM, ce qu’il faut souligner c’est que son mode d’application permet et renforce cette inégalité. Les femmes travailleuses dans leurs conditions et leurs professions, sont victimes de discrimination par le fait du système qui s’impose aujourd’hui.
La première tâche est donc de débusquer la manière dont ce système s’applique et induit la discrimination. En d’autres termes, il faut conquérir le fait que le travail effectué, tout le travail, soit pris en compte dans son plein déploiement et non pas systématiquement sous-estimé au détriment des femmes. Il faut donc interroger radicalement l’application du système, en premier lieu.
Mais cela ne suffit pas, il faut ajouter à la pleine reconnaissance de l’activité assurée par les femmes avec leurs qualifications, leurs savoirs et leurs compétences de tous ordres, un effort de mobilisations et de luttes pour imposer une égalité entre professions féminisées et professions à socle masculin. Pour cela, il faut d’évidence à la fois revoir les classifications actuelles des métiers féminins et introduire des critères et des mesures qui fondent une classification nouvelle, garantissant l’égalité entre parcours professionnels des hommes et parcours professionnels des femmes.
A cela vient s’ajouter, bien entendu, la prise en compte des parcours existentiels et du travail général accompli par les femmes, hors de leur condition salariée, mais impactant tout le déroulement de ces éléments, les conditionnant, les déterminant très largement. Chacun·e a bien entendu en tête à ce propos la revendication exemplaire que nous portons depuis longtemps : deux ans au titre de bonus éducatif et de travail de care pour le régime de retraite des femmes dans la CPEV, dans les caisses de pensions publiques et des secteurs subventionnés, à charge intégrale de l’employeur ou du subventionneur.
Cette revendication n’est qu’une amorce et c’est bien toute la question des conditions d’existence et du travail général assuré par les femmes salariées qu’il faut prendre en compte et reconnaître.
Revenons donc sur la question de la discrimination. La condition féminine salariée que soit établie une série de critères qui permettent de définir aussi précisément que possible la condition faite aux femmes par ce système.
Ceci implique que l’on prenne au sérieux la Loi sur l’égalité entre hommes et femmes (LEg) et la compréhension des mécanismes et des effets de la discrimination, qu’elle soit directe ou indirecte dans la question que nous soulevons. Le conseil d’État a un pouvoir décisif sur l’action des instances qui veillent à l’application de la LEg. Il faut donc qu’il apporte sa contribution à la défense de l’égalité, à la lutte contre la discrimination.
Naturellement, on ne saurait accorder une confiance aveugle au gouvernement en cette matière dans la mesure où son action jusqu’ici a été insignifiante.
Donc, nous demandons qu’une véritable politique de lutte pour l’égalité s’engage. Diverses voies sont possibles mais, pour notre part, nous faisons une proposition en trois étapes :
- Dans le cadre de l’actuel système, revoir systématiquement et immédiatement l’évaluation des professions féminines pour faire reconnaître et intégrer dans leur classification les activités, les qualifications, les savoirs et les compétences déployées par les femmes salariées. En d’autres termes, nous affirmons que les classifications actuelles assignées aux femmes ne sont pas justes et qu’il faut les revoir.
- Intégrer dans les mécanismes de classification et de retraite la reconnaissance du travail général effectué par le femmes et les parcours professionnels qui dérivent de ces conditions existentielles et sociales, y compris pour les éléments salariaux.
- Construire un nouveau système de classification qui prenne en compte les critères permettant de traiter de manière juste et non-discriminatoire les professions féminisées ou celles où les femmes œuvrent en majorité. Ceci implique de sortir de l’actuel système DECFO-SYSREM qui ne garantit qu’une égalité formelle de traitement à l’intérieur de chaque profession pour construire un système global, cohérent, qui établisse de fait et de droit l’égalité effective entre les divers blocs d’activité, intégrant ainsi pleinement la question de genre.
