Manifestation du 1er mai à Lausanne, R.D.V. à 17H au Château, départ du cortège à 17h30!

Le texte ci-dessous a été partiellement repris du tract du C.L.A.P. pour le 1er mai 2025 (Comité de lutte pour l’automaticité de prestations).

PDF du SUD-info ICI

Droit social contre « bouclier fiscal » !

Chaque 1er mai nous rappelle qu’il faut de la lutte partout et toujours pour défendre nos intérêts, nos revendications et nos aspirations. Rien n’est jamais donné par les puissant·e·s aux travailleur·euse·s et au bloc populaire. C’est notre détermination, notre mobilisation et le rapport de force qui tranche. Toute le reste n’est qu’illusion et piège, tentative permanente de nous désarmer, de nous paralyser, de nous soumettre.

Automaticité des prestations et subventionnement de l’assurance maladie

Faisons un bref retour en arrière. Nous avons réussi à mettre dans l’espace public la question de l’automaticité des prestations. Les prestations du salaire socialisé (bourses, revenu d’insertion, prestations complémentaires, rentes, subventions de tout type) sont un droit. Il s’agit d’un droit social et égalitaire. L’État a toutes les informations, notamment par l’information fiscale, pour délivrer les prestations correspondant à ce droit. Pourtant, l’État veut contraindre les candidats à ces prestations, à parcourir un long chemin de démarches bureaucratiques qui ne servent qu’à décourager, à barrer la route aux prestations, pour payer moins et pour soumettre plus.

Les Subsides à l’assurance maladie sont exemplaires de cette situation. Il faut les quémander pour les toucher, investir du temps, se confronter à la difficulté des paperasses, attendre la réponse d’une administration débordée alors que l’Etat possède déjà toutes les informations par notre déclaration fiscale.

A ce premier déni, essentiel, les gens de pouvoir veulent en rajouter un autre. Elles et ils entendent forcer les personnes qui bénéficient des subsides LAMal à travailler obligatoirement à plein temps. Justifier qu’on travaille à temps partiel devient de plus en plus difficile. Clairement, les conditions actuelles de la subvention LAMal sont menacées.

Aujourd’hui, comme certains conseillers d’Etat le reconnaissaient à l’époque de la votation RIE III, 40% des personnes qui auraient droit à cette subvention ne la demandent pas du fait des obstacles administratifs et bureaucratiques bâtis à dessein par l’Etat. C’est un problème social et non pas une question individuelle. Le pouvoir exproprie le peuple d’un droit social en lui rendant l’accès à celui-ci le plus difficile, le plus décourageant, possible.

Dans le canton de Vaud, plus de 290’000 personnes touchent aujourd’hui la subvention LAMal. Si l’automaticité était appliquée, si ce droit social et populaire était réalisé, il y aurait près de 406’000 bénéficiaires.

Avec les attaques du pouvoir politique et des milieux privilégiés, sur la base de l’obligation de travailler à plein temps pour pouvoir toucher les subsides, c’est l’austérité et les réductions des dépenses publiques au service des puissant·e·s et des privilégié·e·s qui vont brutalement réduire le nombre des bénéficiaires. Il faut s’opposer à cette attaque et d’autant plus fermement, exiger l’automaticité des prestations en matière de subisdes LAMal.

Car le problème est au fond très simple. Les coûts de la santé sont prohibitifs, une grande partie de la société ne peut tout simplement plus payer. D’où le subventionnement largement étendu. Pour le système, comme toujours, il s’agit de réduire et de maintenir au plus bas les prestations de santé publique et d’accroitre les bénéfices de la santé privée et des assurances. C’est l’addition de l’austérité, de la valorisation du capital, de la réduction systématiquement poursuivie des ressources publiques pour que les groupes privilégiés payent le moins d’impôt possible.

A l’échelle nationale, un « programme d’allègement des finances fédérales » se dessine avec des coupes de près de 3,6 milliards qui renforcent la politique austéritaire cantonale et en aggravent les effets. La généralisation de la revendication de l’automaticité des prestations nous arme pour répondre à cette guerre sociale dont le système use et abuse pour nous soumettre et nous précariser.

Salaire minimum, travail garanti, marcher sur ses deux jambes

Un salaire minimum à 23 CHF de l’heure, même complété par un pourcentage correspondant aux vacances et aux jours fériés, est insuffisant. Rappelons que l’USS revendique une rémunération minimum de 4’500 CHF par mois pour les non-qualifié·e·s et de 5’000 CHF pour les CFC. Naturellement, le salaire minimum doit intégrer un 13ème salaire. C’est bien le moins. Donc, les 23 CHF de l’heure ne peuvent constituer qu’une étape dans une lutte plus ambitieuse. Cette lutte, il faut l’ouvrir et la mener sans discontinuer. Le salaire doit donner de quoi vivre, effectivement.

Le Conseil d’Etat vaudois n’accepte même pas ce salaire minimum à 23 CHF de l’heure. Sous prétexte de dialogue social et de conventions collectives de travail, trop souvent signées sans rapport de force, sans lutte et sans décision démocratiques des travailleur·euse·s concerné·e·s, le gouvernement cantonal entre en combat contre le salaire minimum. Il faut partout le combattre. Partout, donc bien entendu aussi en votation. Mais pas que dans les urnes. Ajoutons que, s’il s’agit le 23 CHF de l’heure, il n’y a pas de raisons que des catégories de travailleur·euse·s soient exclues de cette revendication et qu’on taise que des groupes de salarié·e·s sont discriminé et précarisé par rapport au droit commun.

Mais la question du montant du salaire minimum n’est pas la seule en cause sur ce problème. Nous savons bien toutes et tous que la mobilisation pour faire monter les salaires est décisive. Mais dans la lutte pour les salaires, il y a d’autres choses et davantage que la rémunération horaire.

Partout se consolide et avance une flexibilité commandée du travail qui ne permet pas de faire suffisamment d’heures pour gagner sa vie. Tout le monde a entendu parler des contrats « 0 heure », en Grande Bretagne, par exemple. Plus de 1,3 millions de salarié·e·s britanniques sont soumis·e·s à ce régime de précarisation. Mais dans notre pays, dans ce canton, dans le secteur privé, étatique ou subventionné, dans les communes y compris gouvernées par la « gauche », la flexibilité contrainte s’impose. Dans les faits la Suisse connait ce régime, y compris sur le plan légal avec les conditions faites au travail sur appel (voir brochure travail sur appel).

On retrouve partout la flexibilité voulue par les entrepreneurs privés ou publics, jusqu’au cœur même des dispositifs légaux et des conventions collectives.

Donc, il y a des centaines de milliers de personnes qui ne peuvent gagner un salaire décent tout simplement parce qu’on ne leur donne pas assez de travail, assez d’heures à faire. Le patronat garde comme un monopole absolu son pouvoir d’attribuer ou pas du travail. Cette question est décisive. On ne peut traiter du salaire minimum sans poser le problème du travail minimum, du droit au travail. Ceci implique de refuser que les salarié·e·s, la force de travail, puisse être traitée par les entrepreneur·euse·s comme un matériau à disposition, flexible et soumis, sans droit réel, réduit à la fluidité du capitalisme de commandement que nous subissons.

En conclusion, la revendication du salaire minimum doit être accompagnée, dans la lutte qu’elle nécessite, de celle d’un taux d’activité suffisant pour réaliser un salaire décent qui permette de vivre.

Bouclier fiscal, escroquerie sociale. Le 12%, c’est pan dans nos dents !

Les médias de boulevard et les rares qui n’en sont pas, martèlent depuis des semaines le thème fiscal dans notre canton. En bonne partie, tout ce monde-là fait de l’illusion d’optique.
Au-delà des péripéties de roman-feuilleton sur la très évidente question du bouclier fiscal concédé à 3’500 prévilégié·e·s pour échapper à la règle commune de l’impôt, ce que nous voyons c’est comment autant le parlement que le gouvernement sont systématiquement d’accord, par un biais ou par un autre, pour favoriser les privilégié·e·s et leur permettre de réduire leurs contributions fiscales.

Le bouclier fiscal vient évidemment rencontrer l’autre question, celle de l’initiative pour réduire de 12% l’impôt sur le revenu et la fortune. D’emblée, les enjeux de cette initiative sont simples. Elle va nous coûter au minimum 550 millions de francs par an. Les trois quarts de cette masse d’argent ira aux privilégié·e·s, aux plus riches. Ces forces économiques, sociales et politiques n’en sont pas à leur coup d’essai. Il y a quelques années, nous avons eu la RIE III qui représente une réduction d’impôt et un transfert d’argent au bénéfice des classes dominantes de plus de 350 millions par an. Chacun·e peut faire le calcul: 350’000’000 + 550’000’000 = 800’000’0000 CHF assignés aux privilégié·e·s, pour l’essentiel.

En revanche, cette politique de cadeaux fiscaux a un prix évident. Moins d’écoles et de formations, moins de santé et d’hôpitaux publics, moins de salaire socialisé, moins de sécurité générale, moins de travail social, moins d’administration générale et de coordination. Une attaque brutale contre le service public dont chacun·e aura à pâtir. Dans cette situation, le dilemme est clair. Une minorité privilégiée pourra se payer des services et des prestations privées. Une majorité sociale verra son niveau et qualité de vie et les prestations produites par le service public verra se réduire et se dégrader.

Mais la racine du problème répond à des politiques structurelles autrement plus profondes. La tentative d’imposer le 12%, la défense enragée du bouclier fiscal, tout cela prolonge une politique de rabais fiscaux mise en place par l’actuel Conseil d’Etat et les forces parlementaires qui, d’une manière ou d’une autre, l’ont soutenu et l’appuient. Avant l’initiative du 12%, il y a eu le rabais de 7% et, précédant cette politique de rabais fiscaux, nous avons eu, avec d’autres compositions gouvernementales, l’accumulation durant des années de cette fortune publique vaudoise de 5,5 milliards.

Cela traduit la poursuite d’une politique austéritaire dont le prix est la construction systématique d’un service public mutilé, incapable de répondre aux besoins sociaux. Les résultats de cette démarche sont la désagrégation d’ores et déjà déployée d’activités essentielles du service public et du secteur subventionné. C’est particulièrement visible dans le secteur du social subventionné et dans certaines structures de l’État. Mais cela s’étend et se généralise, capillarise tout le service public, amorce son démantèlement pour une grande quantité de processus et d’activités.

Donc, les politiques austéritaires, liées aux rabais fiscaux et à la répartition de plus en plus inégalitaire de la richesse sociale, se déploient aujourd’hui dans le déséquilibre budgétaire et les mesures liées au frein à l’endettement. Le déficit actuel dépasse les 360 millions. Les économies à hauteur de 90 millions pour retrouver le « petit équilibre » ne sont qu’un amuse-gueule. Ce que vise le gouvernement et une large partie des forces parlementaires, c’est bien une économie de plus de 360 millions qui permet de retrouver l’équilibre budgétaire. Ce pan nouveau d’une attaque que nous subissons depuis des années mène maintenant à une menace directe non seulement sur les prestations assurées à la population, sur le salaire socialisé mais également sur les conditions de travail et de salaire du personnel du secteur étatique et subventionné, sur les collectifs de travail du service public.

Les groupes sociaux dominants et privilégiés nous imposent une bataille sociale de grande envergure aux effets décisifs. Nous sommes contraint·e·s ou de nous soumettre ou de lutter. En ce sens, des revendications nouvelles, telle l’automaticité des prestations, sont indispensables pour aborder cette nouvelle période en déployant les capacités offensives du bloc populaire.