Résultats d'enquête : quel est le prix de l'école inclusive ?
Les assistant·e·s à l’intégration (AAI) sont qualifié·e·s dans la presse de « cheville ouvrière » de la nouvelle école inclusive. En effet, le concept d’école 360 prévoit d’intégrer les élèves dits « à besoins spécifiques » en proposant un accompagnement individuel et transversal de chaque élève. Projet pédagogique louable, il sollicite cependant une nouvelle force de travail pour le mener à bien. Les AAI sont celles et ceux qui font fonctionner et qui rendent possible l’école inclusive. Il y en aurait près de 830 dans le canton de Vaud.
Depuis plusieurs années maintenant, les AAI demandent de meilleures conditions de travail. Le Syndicat général de la fonction publique (SGFP), syndicat membre de la Fédération syndicale SUD, rassemble un collectif d’AAI. Elles·ils exigent, entre autres, la reconnaissance, ce qui passe par un salaire et un horaire permettant la subsistance, la suppression des statuts précaires et des formations adaptées et certifiantes. En octobre 2024, le syndicat affirme que : « Plus de 90% des AI n’arrivent pas à effectuer un horaire de 48 à 49%, étalé sur plusieurs jours et à différents moments de la journée, ce qui ne permet pas d’effectuer une deuxième activité à temps partiel. Par exemple, pour 30 périodes représentant un taux d’activité de 49,89% réparti en 9 demi-journées dans la semaine, la rémunération mensuelle nette n’excède pas les 2’177 CHF. Pour 20 périodes, elle n’est que de 1’745 CHF. »
Face à ce premier constat, le collectif des AAI, en collaboration avec SUD, a décidé de mener une enquête afin d’objectiver les potentiels problèmes et mécontentements exprimés jusqu’alors. Entre le 9 et le 27 mai 2025, un questionnaire en ligne a été diffusé : 332 personnes ont répondu, ce qui représente près de 40% des 830 AAI évoqués ci-dessus.
Retrouvez la présentation des résultats de cette enquête ici en PDF.

Éléments de synthèse de l’enquête :
1. Cette enquête permet de mieux connaître la réalité de l’école inclusive, son environnement, l’organisation de son monde. L’action des AAI agit en quelque sorte comme un analyseur de l’institution scolaire.
2. Mener une enquête, la dépouiller, en systématiser et en exposer les résultats, c’est sortir de la situation de subordination que l’employeur assigne aux AI et prendre la parole, c’est-à-dire gagner en autonomie. Il s’agit de faire récit contre le discours autorisé, biaisé de l’employeur. Sortir de l’invisibilité, donner à voir, tels sont les enjeux de notre démarche.
3. Naturellement, l’enquête permet de faire voir qui sont les AAI, quelles sont les qualifications et les savoirs qu’elles mettent en œuvre. Il a souvent été dit, et avec raison, que les AAI étaient la cheville ouvrière de l’école inclusive. Sans leur travail, rien ne peut être fait.
4. La question est que l’employeur ne reconnaît ce travail ni dans sa qualité ni dans sa quantité. Il y a ce qui se passe réellement et la version officielle que l’employeur offre systématiquement, mettant ainsi à mal l’identité et la richesse de la force de travail, pour ne pas la reconnaître et ne pas la payer.
5. Visibiliser le travail réalisé, en expliciter les conditions, le décrire systématiquement, voilà ce que l’enquête contribue à faire. Au point de vue de l’employeur, concentré dans un cahier des charges, partiel, partial et mutilé, nous opposons la réalité de l’école et la vérité du travail déployé par les AI.
6. Mais l’employeur ne fait pas que donner une version fausse et mutilée de la réalité, il organise un modèle socio-productif qui promeut systématiquement la précarité.
7. La précarité se présente comme un véritable continent. Organisation du travail et organisation contractuelle qui produit des bas salaires, avec lesquels on ne peut vivre ; disposition de précarisation des rapports de travail ; travail de fait assigné mais non payé ; qualifications, savoirs et compétences non reconnus.
8. La revendication qui exemplifie et introduit toutes les autres dans cette réalité est celle du forfait de 60 minutes. Mais ce n’est là que l’amorce d’un processus.
9. Ce dont il s’agit c’est de pouvoir sortir du modèle socio-productif imposé par l’employeur pour que les AAI puissent gagner décemment leurs vies, construire leur métier, voir leur travail dans sa richesse reconnu, apporter leurs précieuses contributions à l’école publique inclusive.
10. Un salaire décent, un emploi stable, un métier et un travail reconnus, voilà ce qui est l’enjeu de la mobilisation des AAI. Mobilisation commencée depuis plusieurs années maintenant et qui se poursuivra jusqu’à l’aboutissement des revendications.
11. Dernier élément, nous soulignons combien la mobilisation des enseignantes 1-2P a puissamment attiré l’attention sur le fait que non seulement l’école n’est pas dotée des moyens nécessaires à son bon fonctionnement mais aussi que l’école inclusive en tant que service public, ne peut se déployer que par l’action concertée, coopérative de collectifs divers. Les AAI jouent un rôle particulier dans cette coopération par la diversité et la richesse de leurs interventions dans les situations les plus difficiles pour les élèves et les classes.
Dates de la mobilisation :
1. Mercredi 11 juin, un conférence de presse a été donnée afin d’alerter l’opinion publique suite aux révélations de l’enquête. Elle a connue différents échos médiatiques dans la presse, à la radio et à la TV.
2. Lundi 16 juin à 17h, les AAI sont invitées à participer à la mobilisation des 1-2P. R.D.V devant le DEF, Rue de la Barre 8, Lausanne. Une banderole à cet effet est prévue.
3. Mardi 17 juin, rencontre avec le Conseil d’Etat à propos des AAI et des 1-2P.
La lutte ne fait que commencer, nous exigeons l’ouverture immédiate de négociations avec un calendrier clairement établi.
